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Pourquoi ce défenseur de l’environnement s’est mobilisé pour protéger les habitats naturels du Québec

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Joël Bonin, un protecteur des habitats naturels du Québec, incarne l’esprit même de la conservation. Grâce à son dévouement inébranlable, il est devenu une source d’inspiration pour le milieu de la protection de l’environnement. Ses devises, «La conservation est axée sur l’action» et «Tout le monde peut y participer», résument ses principes fondamentaux. Age of Union s’est entretenue avec Joël Bonin afin d’en savoir plus sur ses expériences directes et ses observations sur la conservation et la nature évolutive de son travail au sein de Conservation de la Nature Canada, l’un des dix partenaires d’Age of Union.

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« Il porte des fruits?», demande Joël Bonin.

«Oui, mais il n’a pas encore tout à fait fini, répond le botaniste Jacques Labrecque en montrant une minuscule plante qui sort de terre. Cette plante primitive s’appelle un botryche. Quand on en trouve un, on s’accroupit et on en cherche d’autres», ajoute Jacques.

Et hop, le voilà accroupi, aux côtés de ses deux «élèves» : Joël lui-même, vice-président associé de Conservation de la nature Canada (CNC), et Camille Bolduc, chargée de projet pour la Gaspésie et les Îles-de-la-Madeleine. 

Tous deux semblent fascinés et désireux d’apprendre.

Si Joël est dans le métier depuis plus de trente ans, sa soif de connaissances ne s’est pas estompée pour autant. Contrairement aux botryches qui ne se révèlent que pendant une courte période en juin, son influence dans le domaine de la conservation s’est épanouie au fil des saisons et continue de briller.

Répandre une passion

L’excursion d’aujourd’hui amène une équipe constituée par CNC sur l’île Saint-Barnabé, située face à Rimouski dans l’estuaire du Saint-Laurent, dans la région du Bas-Saint-Laurent au Québec.

Joël Bonin est à la tête d’un groupe dont la mission est de conseiller la ville sur la manière de mieux préserver la biodiversité sur cette île et ce parc publics.

«Je pense que l’on peut devenir obsédé», dit-il d’un ton riant.

«Obsédé ou passionné ?

«Passionné! C’est une façon positive de le dire. C’est important d’être passionné dans la vie. […] J’avais 12 ans quand j’ai décidé [de me lancer].»

Joël Bonin a consacré sa vie à la protection de l’environnement. Dès la fin de ses études supérieures, à la fin des années 1980, il a commencé à collaborer avec CNC, la mission de l’organisation devenant rapidement la sienne.

«Lorsque j’ai commencé, il n’y avait pas d’employés au Québec, seulement des bénévoles», se souvient Joël. 

Plus qu’un pionnier, il a contribué à la création de la succursale québécoise de la CCN en partant de zéro. Il a ensuite joué un rôle essentiel en élevant le statut de l’organisation à ce qu’il est aujourd’hui : un chef de file de la conservation dans l’est du Canada.

« Joël est un puits de connaissances extraordinaire, affirme sa collègue Camille Bolduc. On a envie de suivre ses traces. »

Travaillant elle-même comme conservatrice à CNC, Camille a vu sa passion alimentée par des mentors comme Joël Bonin.

«Il est tellement sensible aux gens, note-t-elle. Il sait comment transmettre son savoir-faire au grand public de la bonne façon et donne aux gens l’envie de protéger la nature.»

Joël Bonin considère qu’il s’agit là de sa plus grande réussite.

« La conscientisation à la conservation s’est démocratisée, a-t-il déclaré. Nous [les défenseurs de l’environnement] ne sommes plus une bande de convertis. La population en général est à l’écoute […] Les jeunes politiciens sont sensibles à la cause. […] Les gens veulent bien faire, mais ils manquent parfois d’informations. »

Au premier rang d’une science fondée sur l’action

Depuis près de deux heures, Joël et Jacques fouillent l’herbe de la rive est de Saint-Barnabé. L’apogée de la saison est à nos portes; citoyens et touristes vont débarquer en nombre dans les jours à venir.

“Cette île est un atout incroyable pour Rimouski, mais elle a besoin d’être protégée, explique Joël. Il faut permettre aux gens d’accéder à ces sites exceptionnels. La conservation ne signifie pas l’interdiction de toute activité humaine sur un territoire.”

Grâce au travail de pionniers comme lui, la science de la conservation a beaucoup évolué au cours des cinquante dernières années.

“Dans les années 1970, la conservation était perçue de manière romantique : si un site était beau, on le mettait sous une cloche de verre, se souvient Joël. Aujourd’hui, nous comprenons que nous faisons partie de l’écosystème. Nous devons trouver l’équilibre entre la protection des espèces qui nous entourent et le soin que nous apportons à la nôtre.”

Nourrir une vocation 

« Avec Age of Union, nous travaillons beaucoup sur la restauration de l’habitat naturel », ajoute-t-il.

Herpétologue de profession, Joël Bonin est un ancien biologiste et spécialiste des amphibiens qui a supervisé la réalisation de plus de 300 projets de conservation. Son travail est aujourd’hui une source d’inspiration pour la nouvelle génération de défenseurs de l’environnement qui reprennent le flambeau.

« La passion de sa génération a été transmise à la nôtre et, avec les outils [de médias sociaux] d’aujourd’hui, elle se propage maintenant beaucoup plus rapidement, affirme Camille Bolduc. Le travail de mon équipe a des répercussions concrètes à long terme. Lorsque nous protégeons des terres en vertu de la loi, elles ne sont jamais soumises au développement immobilier. Tout le monde en profitera, pas seulement quelques privilégiés. »

« Chaque année, les progrès sont réels, mais nous devons toujours faire face à de nouveaux défis, conclut Joël. Malheureusement, il faut des catastrophes pour faire bouger les choses, mais les réactions sont positives. Je suis un éternel optimiste. Je pense que nous allons dans la bonne direction, mais notre écosystème est en train de changer. C’est indéniable. »

Crédits

Jean-Philip Rousseau

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